Le système capitaliste et la « destruction créatrice »
- Marie Berthelot
- 13 déc. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 déc. 2021
Le système capitaliste Français comme tout autre système capitaliste est basé sur un système de production dans lequel chaque entreprise doit produire pour créer de la valeur, être rentable et dégager des bénéfices.

Même si depuis 2018 par le biais du RSE « L’intérêt propre et la raison d’être de l’entreprise » sont « élargis aux enjeux sociaux et environnementaux » (JEAN-MICHEL LAMY, 2018), l’entreprise reste par définition une « unité économique, juridiquement autonome dont la fonction principale est de produire des biens ou des services pour le marché » (Définition de l’INSEE).
Schumpeter était pessimiste sur « la résistance du modèle capitaliste » car ce système reposait sur un conflit permanent entre l’ancien et le nouveau, entre les « entreprises innovantes d’aujourd’hui et celles qui avaient innové hier.» (Schumpeter, 1967)
En 2020, force est de constater que ce système est toujours en place et que le mode de production et les produits créés évoluent sans cesse et de plus en plus vite en fonction de la demande des consommateurs, des innovations et des évolutions technologiques.
Schumpeter parlait de « mutation industrielle » qui consistait à détruire « continuellement ses éléments vieillis » et à créer « continuellement des éléments neufs. Ce processus de destruction créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme ». JC. Drouin « explique le caractère cyclique de la croissance économique où l’innovation est facteur d’expansion et de récession » (Drouin, 2012). Ce processus de mutation qui consiste à « introduire quelque chose de nouveau pour remplacer quelque chose d'ancien dans un domaine quelconque » est la définition de l’innovation. (Définition du Larousse).
Si nous suivons la théorie de Schumpeter, l’innovation serait le cœur du système capitaliste et nous pouvons donc supposer que toute entreprise devrait avoir au cœur de sa stratégie un axe d’innovation fort pour s’adapter aux évolutions futures et assurer sa résilience dans le système économique dans lequel elle s’inscrit.
Dans l’ouvrage « le pouvoir de la destruction créatrice, le concept de destruction créatrice est analysé en corrélant des données économiques (Aghion, Antonin, & Bunel, 2020) :
- La croissance du PIB par habitant et le nombre de brevets déposés : une « relation très clairement positive existe entre intensité d’innovation et croissance de la productivité ».
- Le taux de création des nouvelles entreprises avec le taux de création d’emploi et le taux d’éviction selon l’âge des entreprises. (Cycle de vie des nouvelles entreprises.).
Ils en concluent que « la destruction créatrice est illustrée par le fait que les petites entreprises créent de l’emploi massivement, que leur taux d’échec est élevé mais que, si elles survivent elles peuvent bénéficier d’une croissance importante ». Quant à Schumpeter, « il aurait pointé la forte création de start-ups en France mais aussi en Allemagne comme un processus de renouvellement du tissu économique, susceptible de créer de la valeur. » (Lambrechts, 2020).
J. Schumpeter déclarait : « Comme chez l’Homme des entreprises naissent sans avoir la force de survivre. D’autres succombent à ce que l’on appellerait pour un être vivant une mort « par accident » ou « des suites d’une maladie ». D’autres encore disparaissent d’une mort « naturelle » comme nous mourons de vieillesse. Cette cause « naturelle » dans le cas des entreprises est précisément leur capacité à tenir le rythme d’innovation qu’elles se sont-elles mêmes imposées dans leurs périodes fastes. »
Les entreprises qui ne prennent pas la décision de s’adapter ou qui n’en n’ont pas la capacité prennent le risque de s’écarter du marché et de ne pas survivre.
Exemple :
Kodak société leader de la photographie de 1880 à 1990 n’a pas suivi le mouvement de la mutation de la photographie vers le numérique. « L'ex-géant de la photo, dont les boîtes de pellicule jaune et rouge étaient reconnaissables dans le monde entier, a raté le virage du numérique et ne s'en remettra jamais. »
(Jacquin, 2013).
La création de la technologie du numérique a provoqué le déclin de l’ancienne technologie des photos argentiques. La société Kodak a pris très tard le virage du numérique ce qui a provoqué d’énormes problèmes stratégiques, organisationnels et financiers.
Kodak était pourtant titulaire de milliers de brevets dont certains étaient basés sur la technologie du numérique mais alors que le Japon abandonnait la technologie des pellicules physiques, Kodak sortait l’APS, « la nouvelle pellicule à piste magnétique » qui était selon la marque l’avenir de la photographie.
Pour s’en sortir, la société Kodak a été mise sous protection de la loi américaine sur les faillites en 2012. Depuis, Kodak a pris des mesures pour se restructurer et est redevenue cotée à Wall Streets depuis 2013 après de longues années de difficultés.
L’arrivée de la technologie du numérique a donc détruit la technologie de la pellicule physique.
Schumpeter distinguait plusieurs types d’innovations pouvant impacter la croissance économique : « Les innovations de produits, de procédés, de mode de production, les innovations de débouchés ou de matières premières ». Il indiquait que « l’émergence d’innovation radicale en « grappes » avaient pour résultat de révolutionner l’industrie et de provoquer des révolutions industrielles. »
Article extrait de la thèse "Les entreprises technologiques de taille humaine sont-t-elles adaptées au futur ?" Auteur: Marie Berthelot
Sources utilisées:
JEAN-MICHEL LAMY. (2018). Du capitalisme financier au capitalisme responsable. Le nouvel Economiste, 4.
Drouin, J. C. (2012). Les grands économistes. Paris: Presses universitaire de France.
Lambrechts, M. (2020, Octobre 23). La destruction créatrice pour sauver l'économie. Récupéré sur www.lecho.be
Jacquin, J.-B. (2013, Août 21). Après la faillite, que reste-t-il de Kodak? Le Monde.
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